Votre conseil irrigation en Haute-Garonne intègre la publication de bulletins hivernaux afin d’aider les irrigants à préparer la campagne d’irrigation.

Ce numéro propose de faire le point sur la situation hydrologique en Haute-Garonne, de présenter l'effet du tassement du sol sur le réservoir utile et le rendement des cultures, et enfin de donner des notions et la manière de déterminer le réservoir en eau utilisable du sol.

La situation est en cours d’amélioration par rapport à celle constatée début février grâce à une pluviométrie excédentaire au cours de ces dernières semaines. Elle reste encore relativement fragile comme le montrent les différents indicateurs.

Nous présenterons les trois indicateurs suivants pour apprécier la situation hydrologique:

• Le niveau d’enneigement qui joue un rôle prépondérant en particulier en début d’étiage pour soutenir les débits des cours d’eau. Malgré quelques chutes de neige intervenues fin février, le manteau neigeux reste au niveau de la quinquennale sèche au début du mois de mars. Les températures très douces de ces derniers jours ont déjà engendré une fonte significative, il est donc peu probable d’avoir un stock de neige en début de la période d’étiage, ce qui engendre des incertitudes fortes sur les débits de la Garonne dès le mois de juin (dépendra essentiellement des précipitations de fin de printemps).

• La pluviométrie pendant la période de recharge des nappes (période de recharge des nappes estimée de novembre à mars) et le niveau des nappes (un niveau haut des nappes permettra d’alimenter naturellement le cours d’eau en période d’étiage).

• Le niveau de remplissage des barrages permettant de réalimenter les cours d’eau en étiage.

Bénéficiant de la récente pluviométrie excédentaire, les barrages et retenues poursuivent leur remplissage mais nécessitent encore une forte vigilance au regard des déstockages de l’étiage 2023 alors même que les volumes n’avaient pas pu être reconstitués à la suite de la sécheresse estivale 2022 et hivernale 2022/2023 :

La situation reste relativement contrastée. Certains barrages sont dans des situations de remplissage plutôt favorables (système Neste, Filheit, retenues du Touch, Montagne Noire). Pour d’autres, le remplissage s’effectue plus progressivement : la Ganguise/ barrage de Montbel. A noter une nette amélioration sur le Girou (Balerme et Laragou) durant le mois de février. Sur le Système Neste, les retenues de coteaux sont bien remplies, mais les travaux sur certaines retenues de montagne se poursuivent et ne permettront pas de disposer du débit de réalimentation maximal durant l’été.

Concernant les retenues hydro-électriques concernées par la convention de soutien d’étiage Garonne, EDF est particulièrement vigilant notamment du fait du fort déficit neigeux. Cependant, sauf cas particulier, il n’y a pas, à ce stade, d’alerte sur la constitution du stock pour le soutien d’étiage.

Conclusion:

Les indicateurs montrent une amélioration de la situation suite à la pluviométrie de ces dernières semaines. La remontée du niveau d’enneigement ne sera que de courte durée, les températures élevées de ce début de printemps vont accélérer la fonte du manteau neigeux. La mise en place de quotas et restrictions précoces n’est toujours pas à exclure sur les secteurs Ariège, Hers-Mort et Girou en fonction de la pluviométrie et des températures dans les semaines qui viennent.

Pour toute question, n’hésitez pas à vous rapprocher de votre conseiller agricole/agro-environnement habituel.

Après les forts cumuls de pluie de ces dernières semaines, la prudence est de mise pour reprendre les sols dans de bonnes conditions avant l’implantation des cultures de printemps. Commencer les reprises de sol trop tôt, alors que celui-ci n’est pas suffisamment ressuyé, peut s’avérer contreproductif. Il est essentiel de ne pas tasser le sol.

Cela implique si possible d’adapter son irrigation : de plus petites doses et revenir plus rapidement. Si par malheur l’irrigant ne peut subvenir aux besoins en eau de la plante (panne, restriction, autres…) le tassement impactera encore plus le rendement. 

Quelle règle de prudence ?

Pour s’assurer un maximum de chance de créer une structure favorable à la levée puis à l’enracinement des cultures, les bons réflexes sont d’attendre que le sol soit ressuyé sur toute l’épaisseur de la couche arable, ne pas travailler trop profond et utiliser le matériel le plus léger possible.

Sources Arvalis Institut du végétal.

Gérer son irrigation c’est gérer son réservoir en eau du sol. Les agronomes déterminent le RFU (réservoir facilement utilisable) qui est la part du Réservoir en eau Utilisable du sol (RU) que la culture peut utiliser sans stress hydrique.

Il est donc important de connaitre, d’estimer son Réservoir Utile :

Le réservoir Utile est « bordé » par une limite maximum appelée capacité au champ, au-delà de laquelle l’eau est perdue et par le point de flétrissement, limite en dessous de laquelle la plante souffre du manque d’eau.

Le RU dépend de nombreux éléments dont les 2 principaux sont la texture et la profondeur d’enracinement.

Pour la texture il est nécessaire de la connaitre sur tous les horizons exploités par les racines. Bien souvent on tient compte de l’analyse de sol en surface et on estime la texture plus en profondeur.

Exemple de calcul de RU pour un sol de 100 cm ou exploiter par 100cm de racines :

NB : un tassement a pour conséquence de diminuer la teneur en eau du sol et donc le RU.

Toute l’eau stockée par le sol n’est pas accessible aux plantes. Pour estimer la quantité d’eau que les plantes peuvent prélever, il est nécessaire de tenir compte de leur enracinement, caractérisé à la fois par sa profondeur maximale et par sa répartition spatiale.

Pour rappel, la zone d’influence d’une racine pour l’extraction de l’eau du sol est limitée à un rayon maximum de 5 à 10 cm.

La profondeur d’enracinement est très variable selon les espèces cultivées :

Connaissant le RU l’irrigant peut alors calculer son bilan hydrique et gérer son irrigation de sorte à ne jamais franchir les limites « hautes et basses » de son réservoir. 

Source : Réservoir en eau du sol utilisable par les cultures - Guide d’estimation - Arvalis

www.hautegaronne.chambre-agriculture.fr