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N°01 - 01 mars 2024

Bulletin Hors-série d’hiver

 
 Préambule

Votre conseil irrigation en Haute-Garonne intègre la publication de bulletins hivernaux afin d’aider les irrigants à préparer la campagne d’irrigation.

 

Ce numéro propose de faire le point sur la situation hydrologique en Haute-Garonne, de présenter l'impact de l’agriculture de conservation du sol vis-à-vis du réservoir utile (article d'Arvalis - Institut du végétal) et enfin de donner une perspective de l’évolution de notre climat avec l’outil ClimA-XXI.

 
 La situation hydrologique au 1er février 2024

Les années s’enchaînent et ne se ressemblent pas : après une année 2022 historiquement chaude ayant mis les réserves à rude épreuve, 2023 avait commencé avec une situation hydrologique particulièrement mauvaise. L’année 2024 commence avec des indicateurs d’appréciation de la situation hydrologique un peu moins mauvais qu’en 2023, mais la situation reste peu favorable. 

 

Nous présenterons les trois indicateurs suivants pour apprécier la situation hydrologique:

 

       - Le niveau d’enneigement qui joue un rôle prépondérant en particulier en début d’étiage pour soutenir les débits des cours d’eau. Le niveau de neige est un peu remonté ces derniers jours mais il reste proche du minimum historique, il ne faudra à priori pas compter sur la fonte des neiges pour réalimenter les cours d’eau au printemps.
 
      - La pluviométrie pendant la période de recharge des nappes (période de recharge des nappes estimée de novembre à mars) et le niveau des nappes (un niveau haut des nappes permettra d’alimenter naturellement le cours d’eau en période d’étiage).
 

La pluviométrie pendant la période de recharge des nappes (de novembre à fin mars), est actuellement déficitaire sur le département. En effet, après un mois de novembre excédentaire (+40%), le mois de décembre a été légèrement déficitaire et le mois de janvier particulièrement sec (- 50%). 

Le niveau des nappes reste relativement bas sur certaines stations et globalement en-deçà de la moyenne mensuelle bien que légèrement plus élevé que celui enregistré à la même période en 2023. 

 
     - Le niveau de remplissage des barrages permettant de réalimenter les cours d’eau en étiage.

 

Du fait du démarrage de l’étiage 2023 avec des retenues en deçà de leur capacité de stockage, d’un automne particulièrement chaud et sec, et d’une pluviométrie qui reste limitée sur l’actuelle période de recharge, les barrages peinent à se remplir :

 

               

 

 

     - La situation du remplissage des barrages est donc globalement plus favorable qu’en 2023, en particulier sur la retenue de Filhet. Par contre, la situation est plus délicate avec en particulier un risque fort pour la Ganguise/barrage de Montbel ainsi que pour Balerme et Laragou sur le Girou (Balerme étant en travaux, seul Laragou est opérationnel actuellement). Sur le Système Neste, les retenues de coteaux sont bien remplies, mais les travaux sur certaines retenues de montagne se poursuivent et ne permettront pas de disposer du débit de réalimentation maximal durant l’été.

 

    - Concernant les retenues hydro-électriques concernées par la convention de soutien d’étiage Garonne, EDF est particulièrement vigilant notamment du fait du fort déficit neigeux. Cependant, sauf cas particulier, il n’y a pas, à ce stade, d’alerte sur la constitution du stock pour le soutien d’étiage.

 

 

Conclusion:

 

Au vu des niveaux de remplissage constatés et des travaux en cours sur certains ouvrages, la mise en place de quotas et restrictions précoces n’est pas à exclure sur plusieurs secteurs (Ariège, Hers-Mort, Girou) en fonction de la pluviométrie dans les semaines qui viennent. Un point d’actualité sera fait lors du prochain numéro.

 

Pour toute question, n’hésitez pas à vous rapprocher de votre conseiller agricole/agro-environnement habituel.

 

Agriculture de Conservation du Sol et réservoir utile

L’empirisme et les modélisations le laissaient supposer puis les mesures en expérimentation le confirment dans une certaine mesure : l’Agriculture de Conservation des Sols (ACS) accroît le Réservoir Utile (RU) et surtout la vitesse de circulation de l’eau grâce à une porosité fonctionnelle tout au long de la campagne, du moins dans le Sud-Ouest (où s’est déroulé le projet multipartenarial Bag’ages de 2016 à 2021).

 

L’ACS repose sur le triptyque :

- réduction forte (voire absence) de travail du sol
- couverture permanente du sol (plantes vivantes ou sous forme de résidus maintenus en surface)
- diversification des cultures.

 

Le tout, dans le but de favoriser le stockage du carbone dans le sol et de ne pas déstructurer ce dernier par le travail du sol. C’est ce qu’a vérifié le projet Bag’ages sur sept sites du Sud-Ouest, dont quatre étaient couplés avec des parcelles attenantes conduites en labour (au moins une année sur deux).

Tableau : Caractéristiques des sept sites d’étude du projet Bag’ages

 

Jusqu’à 10 mm d’augmentation de Réservoir Utile (RU) en semis direct.

Le premier facteur de variabilité du RU du sol est le site, donc le type de sol. Cependant, les sols conduits en ACS stockent plus d’eau, essentiellement dans les horizons superficiels - et donc indépendamment de la profondeur d’enracinement -, dans des proportions qui demeurent toutefois modérées. Il n’y a pas de différence significative dans l’un des sites conduit en strip-till, 5 % à 10 % en sols limoneux (6 à 10 mm en terres noires du Béarn) et jusqu’à 24 % (5 mm) en argilo-calcaire. Pour chaque site, le réservoir utile a été déterminé par établissement des courbes de rétention en eau à partir d’échantillons prélevés à plusieurs profondeurs. 

 

Un enracinement plus profond et généralement plus dense en ACS.

Les profondeurs maximales et la densité d’enracinement du maïs ont été relevées de 2017 à 2019 sur trois sites. La dynamique de prospection racinaire n’est pas la même. Quel que soit le site, les systèmes en ACS sont plus performants. L’ACS permet donc a priori l’accès à un RU de plus grande taille au sens spatial du terme.

 

Une meilleure circulation de l’eau en ACS.

Le labour permet d'atteindre des vitesses de conductivité hydraulique à saturation (=Ks, mesurée en mm/heure avec des infiltromètres à disque) beaucoup plus faibles qu'en ACS. Autrement dit, l’eau circule plus vite en ACS, qu’il s’agisse d’infiltration ou de ressuyage.

 

La circulation favorisée par une porosité plus stable et fonctionnelle.

Au cours d’un cycle cultural, on observe en labour une valeur maximale de Ks après travail du sol qui finit par s’effondrer en fin de cycle. En ACS, cette valeur reste relativement stable au cours du temps. Parallèlement, au sein d’un site, la masse volumique apparente (communément appelée densité apparente) est stable à l’échelle d’un cycle végétatif en ACS alors qu’en labour elle augmente, ce qui traduit son instabilité. Cela s’explique en labour par le fait que l’action mécanique va créer temporairement une structure plus « aérée » après le semis qui va finir par s’estomper sous l’effet des passages d’engins, de la pluie, de l’entraînement des particules en profondeur, etc.


Ainsi, un sol conduit en ACS, pas ou peu perturbé, conserve un réseau stable de micro- et mésoporosités fonctionnelles, qui infiltre ou ressuie plus d’eau, cela plus vite qu’un sol conduit en labour. Schématiquement, les « fins tuyaux » restent en bon état tout au long de la campagne en ACS, alors que les « grands tuyaux » créés par le labour s’effondrent. Ce que montre l’évolution de la masse volumique en labour et sa stabilité en ACS.
Conséquence du changement climatique, les cycles de l’eau à la parcelle se traduisent de plus en plus fréquemment soit par des périodes d’excès, soit par des périodes de déficits forts. L’ACS pourrait donc être une partie de la réponse à cette problématique.

 

Sources: Arvalis - Institut du végétal.

 

 ClimA-XXI: perspectives sur le climat en Haute-Garonne

ClimA-XXI est un outil permettant de produire des indicateurs climatiques pour analyser la faisabilité future des productions agricoles face au changement climatique et les opportunités d'adaptation à une échelle locale.
Un exemple d’application est présenté ci-dessous avec le bilan hydrique climatique : il correspond à la quantité d’eau disponible pour la végétation provenant de la pluie, une fois les besoins en évaporation et en transpiration potentiels (ETP) de la végétation satisfaits. Cela correspond à la pluie à laquelle on soustrait l’ETP: à ne pas confondre avec les besoins réels d’une culture. Ici l’ETP est évalué indépendamment de l’occupation réelle du sol. Cette valeur moyenne de bilan hydrique est calculée sur plusieurs horizons temporels pour 2 périodes : période de recharge des nappes (entre septembre et mars) et la période printemps/été (entre avril et août). En comparant ces valeurs aux données historiques de référence (tranche 1970 – 2005) on observe si le bilan hydrique est supérieur à cette période historique (couleur bleue) ou inférieur (rouge). 

 

Il s’agit ici de visualiser les grandes tendances qui nous attendent vers le milieu – fin du siècle, à l’échelle du département de la Haute-Garonne. La précision des données permet difficilement d’interpréter ce que sera le futur du climat à une échelle plus fine. Les valeurs ici exprimées en mm (écart par rapport à la période de référence) nous renseignent sur les amplitudes probables des changements sans qu’elles ne donnent une certitude de réalisation.

 

Il est toutefois intéressant de noter que la période 2010-2025 dans laquelle nous nous situons semble présenter un bilan hydrique climatique plutôt positif et au-dessus des niveaux de la période historique lors de la période de recharge des nappes. En revanche le bilan en période printemps/été serait inférieur à la référence. Cette tendance semble se maintenir pour les années suivantes avec une intensification de ce déficit, généralisée sur le département sur la période printemps/été. Pour la période de recharge des nappes, la situation reste proche de la période de référence. Ces évolutions s’expliquent surtout par l’augmentation des ETP du fait de la hausse des températures, plus que par une baisse des précipitations (restant stables au global sur chaque grande saison). Il n’est donc pas surprenant de voir le déficit de bilan hydrique climatique se creuser sur la période de pleine végétation, présentant donc les ETP les plus forts. En résulte : une disponibilité climatique en eau pour les cultures amoindrie durant la période avril – août.

 

CONTACTS

Alexandre EYCHENNE : 06 31 15 29 19 - alexandre.eychenne@haute-garonne.chambagri.fr

Guilhem POUXVIEL : 06 73 28 32 68 - guilhem.pouxviel@haute-garonne.chambagri.fr

Elian ROUTELOUS : 06 29 58 02 15 - elian.routelous@cd31.fr

Guillaume FERRANDO : 07 84 03 64 13 - guillaume.ferrando@cd31.fr

 

Ce bulletin a été réalisé à partir des sondes tensiométriques issues du réseau de la Chambre d'agriculture de la Haute-Garonne et du Conseil Départemental de la Haute-Garonne.

    
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Ce message est envoyé à sandrine.gnamia@haute-garonne.chambagri.fr par Chambre d'agriculture de la Haute-Garonne
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